Mobilisation “historique” des pompiers lyonnais : les cadres entrent en négociations
- Romane MLNF
- 24 nov. 2024
- 3 min de lecture
Près de 150 pompiers étaient réunis ce jeudi après-midi devant le Service Départemental Métropolitain d’Incendie et de Secours (SDMIS) pour protester contre la suppression d’une "prime logement".
Au coin de la rue Rabelais, des dizaines de véhicules d’interventions sont garés devant le siège du SDMIS, dans le 3e arrondissement. 150 pompiers lyonnais, selon les organisateurs, se sont réunis ce jeudi devant le SDMIS après plusieurs jours de grève. Les syndiqués avaient rendez-vous avec la direction du SDMIS.
Une manifestation « historique », selon les syndicats. « C’est la première fois qu’on voit des cadres qui entrent en grève » confie Nicolas Laumet, pompier depuis vingt ans et représentant du syndicat SUD. La grève ne passe pas inaperçue, ni pour les habitants qui passent la tête par la fenêtre, ni pour les passants qui lancent à des pompiers « les lyonnais sont avec vous, merci à vous ! »
La grève a commencé après l’annonce de suppression de l’indemnité logement et a pris de l’ampleur ce mardi : des centaines de pompiers ont bloqué le périphérique et les quais de la gare Part Dieu. Gravé sur les camions et en brassard, le mot « grève » en blanc.
Devant le SDMIS, les pompiers, syndiqués ou non, attendent autour d’une buvette. Delphine Durand, responsable de la tour opérateur, se mobilise aussi « pour la première fois, pour l’avenir de mes équipes ». Le commandant Clément Jacquier du syndicat Avenir Secours rappelle : « c’est rare et précieux ».
Quelques minutes avant les délibérations, la députée du Rhône Marie-Charlotte Garin s’est joint rapidement à la mobilisation, assurant son soutien aux pompiers : « Les pompiers sont des acteurs clés de notre société, c’est notre rôle de les soutenir, ils font tellement pour nous » tout en rappelant que les pompiers sont « la profession préférée des français ».
RAS-LE-BOL GENERAL
Une suppression de la prime d’aide au logement comme une goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les pompiers ont avancé des revendications plus vastes ce jeudi, dénonçant une baisse de pouvoir d’achat pour la profession et des conditions de travail difficiles liées au sous-effectif.
Une situation qui s’est dégradée ces quatre dernières années selon l’intersyndical qui déplore un surmenage dans les équipes. D’un effet domino direct, la qualité du service s’en dégrade d’après les mots des concernés.
‘’On se rend compte qu’il y a un vrai impact sur la population […] Les pompiers sont un peu le pansement des services publics, sauf qu’aujourd’hui la boîte à pansement est vide’’ a résumé Nicolas Laumet, pompier depuis 2003, précisant qu’un agent pouvait recevoir en moyenne 200 appels par jour.
Marie*, pourtant commandante chez les Sapeurs-Pompiers, s’est vu contrainte de déménager en banlieue lyonnaise, à Bron, en raison de sa situation financière fragile. La perte de son aide au logement a été un basculement pour celle qui est mère de deux enfants. ‘’La baisse de pouvoir d’achat, je l’ai vue oui’’ raconte-elle, ‘’il y a vingt ans, le salaire était un tiers supérieur’’. Avant de conclure ‘’on a le sentiment de ne pas être reconnue’’.
A la sortie des négociations avec la direction, les responsables syndicaux se sont félicités d’un ‘’échange très franc, plutôt calme et posé’’. Reste à voir si les négociations pour le rétablissement de l’aide au logement porteront leurs fruits. ‘’Une porte s’entrouvre’’ laissent espérer les délégués syndicaux.
Romane M. et Raphaël H.
*le prénom a été modifié
Reportage co-écrit avec un camarade de promotion pour le module de techniques de bases rédactionnelles du CFJ.
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