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Marie-Pierre et l’école inclusive, un nouveau fardeau ?

  • Photo du rédacteur: Romane MLNF
    Romane MLNF
  • 8 avr. 2024
  • 4 min de lecture

Marie-Pierre, 52 ans, est maîtresse en Grande Section de maternelle depuis 12 ans à l’école Jacques Prévert. Alors qu’ils étaient 96 000 enfants handicapés scolarisés dans le premier degré en 2004, ils sont aujourd’hui plus de 222 000, elle l’affirme, « l’école inclusive atteint ses limites ».





Des tapis de jeux, des tipis, des gommettes sur les tables et des coloriages sur les murs… Il est dix sept heures trente quand Marie-Pierre nous accueille dans sa classe.


Elle vient de passer la journée en formation pour le bien-être à l’école. Fatiguée, elle est restée attentives aux conseils pour la sécurité affective et psychologique de ses élèves. « En maternelle, c’est notre job de sécuriser pour entrer dans les apprentissages, c’est ici que tout commence », avoue l’institutrice.

Mais le président de la République l’a affirmé, le système scolaire doit devenir accessible à tous les enfants, grâce à la formation des enseignants.

Ce sont 18 heures d’animation et de formations qui sont comprises dans les obligations de service des enseignants, sans compter les heures de volontariats et la plateforme numérique nationale « Cap école inclusive ».


Maintien du cap de l’école inclusive


Depuis 2005, rendre l’école pleinement inclusive est l’un des principaux objectifs de l’Education Nationale. Alors que certains handicaps restent difficilement détectables en maternelle, l’école « doit s’adapter aux besoin de tous les élèves et aux besoins de chacun d’entre eux, dans un environnement scolaire prenant en compte les spécificités de chaque parcours » selon la rue Grenelle. Pour Marie-Pierre, « c’est impossible, à l’école ce sont six enfants qui sont handicapés, majoritairement des troubles autistiques. On nous contraint sans nous donner les moyens nécessaires, c’est de pire en pire. ».


« On assiste à des situations délirantes »


L’année dernière, l’institutrice s’était mise en arrêt maladie. Elle avait à charge deux enfants autistes dans sa classe. Ce handicap est difficile à gérer pour les institutrices et leur ADSEM. Les enfants autistes sont hypersensibles aux mouvements et aux bruits, ils ont besoin d’espaces adaptés. « Le petit criait, lançait ses jouets sur les autres, on a pas eu le choix que de niveler vers le bas. L’élève progresse, mais à quel prix ? C’est culpabilisant et humiliant d’avoir des élèves handicapés, parce qu’il y a pas de limites et vous y arrivez pas, tout simplement. ». Ce sont de nombreux professeurs des écoles qui se déclarent incompétents face au décalage entre le comportement troublé des enfants à inclure et l’éthos visé par le système scolaire.


Le désarroi d’une passionnée


Marie-Pierre nous raconte, un café à la main, la bienveillance des parents de ses élèves. « Ils voient bien qu’on fait tout pour prendre en compte leur enfant et l’enfant handicapé. ». Émue, elle revient sur des moments plus difficiles. Ne plus gérer la sécurité dans la classe, ça l’affecte et l’angoisse. L’année dernière, avant son arrêt maladie, c’étaient « 28 enfants qu’il fallait gérer, dont deux très handicapés. Mes supérieurs ne percevaient pas mon désespoir, j’ai eu peur face à des situations dangereuses pour les enfants. ». Cette année, elle travaille avec des ateliers mixtes et de nouvelles méthodes mais « certains handicaps demande de tout repenser, on doit bricoler et faire deux journées en une. Même en étant passionnée, ça fatigue. ».


Former les AESH (Accompagnants des Elèves en Situation de Handicap)


Cette année à l’école Jacques Prévert, seulement deux AESH se partagent la prise en charge de six élèves, l’année dernière il n’y en avait aucune. Après dix heures de formation, c’est un contrat de 24 heures par semaine pour 800 euros par mois qui est proposé. « Donc forcément, personne ne veut le faire, dix heures ça ne prépare pas à prendre en charge tous les handicaps », confie-t-elle. Elle l’avoue, tous les départements ne sont pas logés à la même enseigne, « dans le Loiret, le réseau est déficitaire. ». Malgré tout, le 1er février dernier, les professeurs français en grève intersyndicale dénonçaient l’école inclusive sans moyens, qui amplifie l’hétérogénéité des classes.


L’école inclusive s’impose, mais face aux trop grandes difficultés, les enseignants s’en excluent.


Romane Moulineuf


Exercice réalisé dans le cadre du concours d’entrée à l’Ecole de Journalisme de Grenoble. La consigne était la suivante :

L’exercice consiste à rédiger le portrait d’un ou une enseignant•e pour un journal de la presse écrite nationale. Ce portrait devra illustrer un dossier consacré aux multiples crises de l’enseignement aujourd’hui. Vous pouvez choisir un sujet en particulier.

La personne dont vous ferez le portrait doit être un•e enseignant•e dans une école, un collège, un lycée ou une université française. Votre portrait devra être tiré d’une rencontre avec cette personne et comporter au moins trois citations. Il devra comporter un titre, un paragraphe de synthèse (ou chapô) en gras indiquant à la fois qui est la personne choisie et quel sujet sont portrait illustre, le texte du portrait à proprement parler, structuré en paragraphes. La longueur totale attendue est de 4 500 signes (espaces compris) avec une tolérance de plus ou moins 10 %.L’ensemble du texte devra être structuré de façon cohérente avec des transitions soignées. Il ne s’agit pas de raconter la vie d’une personne mais d’illustrer un sujet avec des éléments de cette vie et de votre rencontre avec elle.



Par souci de confidentialité, le nom de l’enseignante et la ville de l’école ont été supprimés sur mon blog.

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Par Romane Moulineuf

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